

Exemples de films projetés au "Magique Cinéma" : Don Camillo... Monseigneur ! (1961) et Pour qui sonne le glas (1943).

Le dimanche, c’était, il y a bien longtemps, le jour du cinéma à Saint-Jeannet… Familles et enfants se retrouvaient en effet les dimanches après-midis, sauf l’été, au « Magique Cinéma », une petite salle située derrière la place de l’église, au 11 rue de la Ferrage. Numéro autrefois mitoyen du four du boulanger Roatta, parfumant souvent les séances d’odeurs de pain cuit…
Cinéma non commercial, le « Magique Cinéma », né probablement avant-guerre, et rarement signalé dans les pages spectacles, n’ouvrait qu’une fois par semaine avec un seul film au programme : un succès populaire ayant fait ses preuves à Nice ou bien un classique. Les films y étaient toujours montrés en 16 mm, format réduit et économique de l’époque. Son créateur et gérant, M. Nirascou, cinéphile dans l’âme, était viticulteur de métier. A la fois projectionniste, ouvreur et programmateur, M. Nirascou avait bricolé son local avec les moyens du bord. Pour le chauffage, il avait installé un poêle à charbon au milieu de la salle. Poêle qui fut un jour renversé par de jeunes spectateurs échauffés par une scène de bagarre d’un film avec Eddie Constantine, entraînant l’asphyxie et l’évacuation immédiate du public, qui sortit de là toussant et noir de suie. Les fauteuils, dépareillés, étaient des indésirables provenant de différents cinémas de la région. Enfin, l’affiche du film et les horaires étaient épinglés à l’extérieur sur un tableau de bois refermé d’un grillage.
Avec l’entrée en vigueur de nouvelles normes de sécurité, suite à l’incendie le 1er novembre 1970 d’une boîte de nuit, le « 5-7 » en Isère, fatal à cent quarante-six personnes, le « Magique Cinéma », avec ses escaliers raides, son poêle, son parquet en bois et son entrée unique, ne pouvant prétendre à des travaux, dut se résoudre à fermer définitivement.

Au milieu des années quatre-vingt dix, Jean-Luc Bélugou, collectionneur, tombe par hasard sur la façade du « Magique Cinéma » et cherche à y pénétrer. Par chance, le cinéma, bien qu’à l’état de ruines, n’a presque pas bougé depuis trente ans. Jean-Luc immortalise les lieux (les photos présentées ici sont les siennes) et demande à récupérer des fauteuils. Il en gardera quelques-uns en souvenir puis fera don du reste, après restauration, à la commune de Villefranche-sur-Mer et au Musée des arts et traditions populaires de Contes. Concernant le matériel de projection, M. Nirascou étant décédé, c’est grâce à sa famille, qui tenait encore l’une des deux boulangeries historiques du village, que Jean-Luc retrouvera dans leur ferme le projecteur, en fouillant sous une botte de paille dans le poulailler, mais aussi le haut-parleur et l’amplificateur de son.
Un grand merci à Jean-Luc Bélugou.
N’hésitez pas à nous contacter si vous détenez des informations sur le « Magique Cinéma » ou sur tout autre cinéma en Région Sud dont vous aimeriez nous parler.
Bonjour Annette et merci pliure cet article qui est très intéressant. Je l’ai fais suivre à 2 amis
qui sont originaires de Saint-Jeannnet.
Cordialement
Yves
J'aimeJ'aime