Les cinémas à Nice, exposition

Carton d’invitation recto-verso du vernissage de l’exposition « Les Cinémas Niçois, 1896-1969 » organisée en 1996 par les Archives Municipales de la Ville de Nice.

Les Cinémas Niçois (1)Les Cinémas Niçois (2)

Nice Cadeim (l’Action Culturelle Municipale) avait édité pour l’occasion un fascicule reprenant des éléments de l’exposition dont quelques photos réalisées par Pierre Padovani et la photo ci-dessus signée Maurice Bérard du cinéma Le Royal, autrefois situé avenue Malausséna.

Merci à Benoît Grimalt pour nous avoir transmis la copie de ce document du musée personnel d’Emile Martin.

Catherine Deneuve, vision alpine… (1)

Aller à la deuxième

Dans Belle de jour (1967).

Belle de jour (1)Belle de jour (2)En plein cœur de la station de Valberg à Guillaumes (06) dans les Alpes du Sud, en compagnie de Jean Sorel et Macha Méril, où l’on distingue le restaurant « Le Valbergan » et le loueur de matériel de ski « Le Chalet canadien », qui existent toujours, ainsi que l’ex-« Grand Hôtel », désormais « Adonis ».
Belle de jour (3)Belle de jour (4)Au « Grand Hôtel des Skieurs », 1669 mètres, repérable à ses fenêtres scindées à l’horizontale, toujours à Valberg, avec les mêmes acteurs, plus Michel Piccoli. L’hôtel semble avoir disparu, il ne figure plus que sur d’anciennes cartes postales.

Gérard Landry, le côtier

Sérénade au bourreau
Dans Sérénade au bourreau (1951), en partie tourné, pour les extérieurs, dans les Alpes-Maritimes.

Gérard Landry (Buenos Aires, 1912 – Nice, 1999), né Landry de Lagatinerie, acteur français de renommée internationale, on l’a vu chez Renoir (« La Bête humaine », 1938), Abel Gance (« Vénus aveugle », 1941) ou Carol Reed (« Trapèze », 1956), a surtout fait carrière en Italie. Très connu là-bas, comme son fils après lui, l’acteur Marc Porel (1949-1983), il y tourne une quarantaine de films, soit l’essentiel de sa filmographie, entre les années cinquante et quatre-vingt.

Charme moqueur et moustache impeccable, héros vaillant et romantique, Gérard Landry est un habitué des mélodrames, des films de cape et d’épée, mais aussi des romans photos qui feront fureur après-guerre un peu partout. Vedette d’un autre temps, son public est à la fois très féminin et très juvénile : les femmes le languissent tandis que les petits garçons rêvent de lui ressembler. Un grand écart qui ne manquera pas de l’amuser tout au long de sa vie.

Comédien sous l’occupation, il joue dans une poignée de films réalisés en zone libre, dont « Lunegarde » avec Gaby Morlay, puis s’engage en 1941 dans la Résistance. Il participe en août 44 aux combats pour la Libération de Paris. Action qui le verra décoré de la Croix de guerre.

Familier de la Côte d’Azur, l’acteur s’installe dans les années soixante-dix, bien qu’il réside encore à Rome, à Villefranche-sur-mer (06) avec son épouse Annie, ex-Alberti*, et leurs chiens. Très apprécié des riverains – lire le souvenir d’une amie connue à Villefranche -, on le croise souvent aux boules ou au port de la Darse où il a son pointu. L’Amicale section photo-cinéma des anciens élèves de Villefranche œuvre depuis plusieurs années, avec la complicité de son épouse Annie de la Gatinerie, à constituer une mémoire de l’acteur et à repérer les films qu’il a tourné dans les environs.

Une soirée hommage à Gérard Landry fut organisée par l’ensemble de l’amicale le 9 décembre 2011 à l’auditorium de la commune avec l’appui de la municipalité.

Gérard Landry a publié en 1991 un livre de souvenirs, « Un homme digne d’avoir un chien » (Éditions SOCAD), faisant parfois état de ses pérégrinations locales. En voici trois :

Paradis perdu
Fernand Gravey et Micheline Presle dans Paradis perdu (1940).

1. MISTINGUETT

« Quand nous tournions Paradis perdu sur la côte, elle venait nous voir sur une bicyclette d’homme. Elle avait encore de très jolies jambes, aussi arrivait-elle en short… (elle ne devait pas être loin de ses quatre-vingts printemps).

Juste après la guerre, nous nous trouvions, je ne sais plus pourquoi, Mistinguett, Charles Trénet, Maurice Chevalier, Steve Passeur et moi, pour boire un verre à La Bocca. Au moment de payer, il y eut un peu de suspense. Qui allait payer ? Je venais d’être démobilisé et n’avais pas un sou. J’ai été très lâche, j’ai fait semblant d’être appelé au téléphone et me suis tiré. Steve Passeur en a fait autant et nous ne sûmes jamais ce qui s’est passé après notre départ. Pour les gens non avertis, je dois ajouter que la qualité principale des grandes vedettes, abandonnées par nous, n’était pas la largesse… » (p. 39)

2. CLAUDE DAUPHIN

« J’ai tourné deux films sous l’occupation avec Claude. Le plus important fut : Les Hommes sans peur qui étaient Jean Murat, Claude et moi. La vedette féminine était Madeleine Sologne qui est une fille très, très, très bien. Elle l’a prouvé.

A cette époque c’était le bon temps des restrictions et quand le contrôle de police, à l’entrée de Nice, nous demandait qui nous étions, Dauphin répondait :

– « Les hommes sans beurre ! ».

Le film fini, je déjeunai un jour à Juan, avec Claude et Jean-Pierre Aumont. Le lendemain, nous partions tous les trois pour des destinations différentes. Jean-Pierre pour les Etats-Unis, Claude pour Londres et moi, pas loin, pour Cagnes où j’allais me mettre en contact avec celui qui allait devenir le colonel Foury. » (p. 47)

3. FILM EN ZONE LIBRE, SOUS L’OCCUPATION : … ET QUELQUES VEDETTES

Viviane Romance
Viviane Romance.

« Toujours à l’époque de la zone libre, aux studios de la Victorine […] Le premier film tourné (…) fut : Vénus aveugle d’Abel Gance avec la grande Viviane Romance. J’avais tourné dans le dernier film d’Abel avant le début de la guerre : Paradis perdu et Gance m’appela aussi pour celui-là. Le film fut plein de situations amusantes. Par exemple, la femme de Gance, Mary-Lou, s’était disputée avec Viviane, elles ne se parlèrent plus. Alors, dans la deuxième partie du film, les scènes avec Mary-Lou étaient bien dirigées par Abel, mais celles de Viviane l’étaient par l’assistant : Edmond Gréville. J’avais une bagarre avec Georges Flament qui était, à l’époque, le fiancé de la vedette. Il détestait que je répète le surnom de Viviane que l’on appelait : « Le soutien-gorge » !

Pendant le film et aussi après, je disputai souvent des parties de ping-pong avec Viviane. Elle jouait plutôt mal, mais avec enthousiasme. Une fois, elle organisa un coup fourré à Marcel Achard. Marcel jouait assez mal et moi assez bien. Alors Viviane me fit jouer contre elle, et je perdis, puis elle défia Achard de me battre. Comme il avait toujours battu Viviane, il accepta. Cela se passait au Martinez de Cannes. Marcel Achard fit cinq points en deux sets contre moi et ne m’adressa plus la paroles pendant plusieurs semaines. Frank Villard, qui devait succéder à Flament dans le cœur de Viviane, m’a dit ceci :

– « Viviane ne fait l’amour que par amour ».

J’ai trouvé cela joli, et c’était sûrement vrai. » (pp. 133-136)

LA RIVALE, fotoromanzo
Avec Anna Maria Ferrero** dans le roman-photo du film La rivale, « film sentimental de 1956 ».
*Ancienne vedette de romans photos et actrice de cinéma devenue doubleuse.
**Heureuse coïncidence, notre association a rencontré cette année et l’époux d’Anna Maria Ferrero, Jean Sorel, à Paris, et l’épouse de Gérard Landry, Annie de la Gatinerie, à Villefranche. Merci à l’amicale pour le prêt du roman-photo, exemplaire personnel de Mme Landry.